[OLD] Kuroiwa Yoshihiro (Sasuke Ninden, Hengen Sennin Asuka)
KUROIWA Yoshihiro (黒岩 よしひろ) est surtout connu pour avoir mis en images le manga de Zenki - et encore, "connu" est très relatif, on a pas eu l'occasion d'entendre beaucoup parler de ce mélange entre du Ushio to Tora (le héros doit apprendre à contrôler un gros démon aux appétits insatiables pour protéger tant faire se peut le monde moderne) et Bastard! (ledit héros et seule personne capable de contrôler la bête est une jeune fille, lequel démon a aussi une forme alternative de gamin moins effrayante) made in Shônen Jump depuis son adaptation animée en 1995. Quoi qu'il en soit, j'ai eu l'occasion de mettre la main sur deux de ses plus vieux travaux, et sans parler de chef d'oeuvre immémorial (on peut être glaireux et avoir des traces de déontologie), pour un amateur de shônen Jump old school ça fait un petit quelque chose au coeur.
Premier titre du lot, Sasuke Ninden (サスケ忍伝) est son premier manga pro, publié dans le Jump au cours de l'année 86. L'histoire est épaisse comme du papier carbone : deux clans de ninjas, les uns plutôt bons et les autres beaucoup moins (normal, c'est des punks), s'affrontent afin de mettre la main sur une épée légendaire. Le protagoniste Sasuke est le jeune héros de shônen typique et pourris de talent, le genre à ne jamais s'avouer vaincu et à se relever sans cesse après chaque rossée qu'il se prends et afin d'en redemander une nouvelle. A ses côté, on a droit au grand-père inutile qui nes sert qu'à procurer bonnes blagues et taquineries coquines, tandis que les rôles des joyeux compères inutiles sont tenus par la petite-fille de ce dernier et accessoirement copine du héros qui se bat avec des techniques ninjas à base de ruban de GRS, et le chef des délinquants du coin aux poings d'acier et au grand coeur : bref, c'est tellement cliché qu'on devine aisément qu'un mangaka moderne préférerait probablement se pendre avec le cable d'alim de sa tablette graphique plutôt que de dessiner ça.
Et non, malgré son thème de combats de ninjas en milieu scolaire, Sasuke Ninden n'est pas un ertsaz de Fûma no Kojiro, et l'action est tempérée par pas mal de comédie. Le graphisme est au diapason, et on retrouve le look "petits corps / grosse tête" caractéristique de pas mal de titres des 80s; Dragon Ball a ses débuts, justement. Au final, on a là un titre amusant un quart d'heure mais totalement anecdotique et qui pourrait se résumer à une suite de combats permettant de mettre en valeurs les techniques ninjas des différents personnages. Un seul regret : qu'il s'interrompt au moment où débutait le combat entre Sasuke et le boss de fin. Un seul et unique tankôbon a été édité deux ans plus tard, peut-être à cause de...
... Hengen Sennin Asuka (変幻戦忍アスカ), débuté dans le numéro 23 de Jump pour l'année 88, soit quelques numéros à peine après Bastard! Le point de départ de cette nouvelle série rappelle grandement sa précédente histoire, avec à nouveau des histoires de conflits entre clans ninjas autours d'une épée légendaire. Mais passé le postulat de départ, ça évolue assez vite : ladite épée sert à empêcher un ancien être maléfique, ex-coach de Oda Nobunaga, de se réincarner dans notre monde; et si 12 épisodes de Sengoku Basara nous ont appris quelque chose, c'est à quel point les auteurs nippons aimaient à utiliser l'image de l'idiot d'Owari pour symboliser le mal absolu, plus terrible que Sauron et Vlad Tepes réunis. Bref. Heureusement, la jeune ninja Asuka assure le devoir familial qui est de veiller sur le sanctuaire forestier où est enfermée la terrible épée; ou du moins jusqu'à ce que la classe de Minashiro Narima n'ait l'idée saugrenue de venir organiser un voyage de fin d'année à proximité. Par un concours de circonstance malheureux bien que parfaitement prévisible à l'intérieur des pages d'un manga, l'épée est enlevée, les forces du mal sont libérées, et l'Enfer se déchaine sur le Japon. Asuka devient alors l'incarnation de l'ultime espoir pour rattraper le coup, et pour celà elle a droit à un cadeau fort pratique de son grand frère : un gadget nommée BAP ou Bio Amplify Protecter (et qui rappelle fortement le Bio-Booster Armor du Guyver, design plus glamour mis à part). "Tu as foutu le boxon dans le pays, file réparer tes erreurs ma fille" : on peut toujours compter sur la famille pour vous inculquer de force une leçon de morale dont tout le monde se contrefout.
Comme visiblement beaucoup de lecteurs de l'époque, j'ai bien aimé le personnage d'Asuka : de jeune fille maladroite à sa première apparition, elle devient très compétente une fois équipée du BAP et prends rapidement la tête de l'équipe de héros qui s'organise : les pouvoirs que lui confère son armure (le plus drôle : les antennes qui s'allongent pour poignarder l'adversaire !) la transforment en super-héroine. Les dernières pages du manga dans l'épilogue du second volume, situé deux ans plus tard dans un Japon post-apo, montrent d'ailleurs un personnage qui a bien murie en plus de devenir fortement classe.
L'histoire se résume à nouveau à une suite de combats même si les décors sont un poil plus diversifiés, avec en particulier un passage en dirigeable qui constitue presque une sorte de mini-arc à lui tout seul et dans le cadre duquel Asuka et cie doivent vaincre l'empoisonnante Suikihi. Plus vite dit que fait vu que cette dernière peut compter sur sa maitrise de l'élément aquatique et l'aide de ses quatre sbires pour se battre. On remarque très vite que le niveau de violence est passé à un cran supérieur par rapport à Sasuke Ninden et les combats sont souvent sanglants; couplé avec les designs des méchants qui tire sur le cyber-démoniaque industriel qui n'aurait pas dépareillé dans un Megami Tensei cru Super Famicom ou encore le look très pouf frigide de ladite Suikihi, par moments tout celà rappelle très fortement un clone shônen de Kujaku-ô. Influence fortement possible, le manga de Makoto Ogino étant alors en pleine gloire.
Conclusion : carrément mieux que Sasuke Ninden, un poil plus ambitieux aussi. Seulement deux volumes au compteur, mais le nombre élevé de combats et de protagonistes rends les tribulations d'Asuka assez dense.
Deux mots au sujet de Kuroiwa Yoshihiro : c'est un ancien assistant de Masakatsu Katsura et il reconnait avoir été influencé par le travail de Go Nagai. C'est en 1983 après s'être distingué dans un concours organisé par la Shueisha qu'il a l'opportunité de lancer sa carrière. Ses deux titres, Sasuke Ninden et Hengen Sennin Asuka, ne méritent sûrement pas de figurer dans l'histoire du manga, même parmis les notes en bas de page, mais apparemment ils restent encore aujourd'hui chers au coeur de certains fans nostalgiques du Jump, si j'en juge par le nombre de fanarts de Menô (une ennemie de Sasuke) et surtout de Asuka que l'on peut encore trouver sur le net. Plus rigolo, je connais au moins un fan japonais à avoir donné le nom de Suikihi à son blog. J'avoue, c'est aussi cette mini-popularité de ces personnages qui m'a intrigué et qui m'a conduit à lire ces deux titres.
Dans la série des "Que deviennent-ils", Kuroiwa Yoshihiro a signé récemment un court manga de Macross Frontier dans le Comp Ace et qui n'a duré qu'une paire de numéros. Je ne l'ai pas lu, mais ça m'étonnerais sincèrement d'apprendre que j'ai raté quelque chose de mémorable. Sinon, je tiens à signaler que Hengen Sennin Asukaa été réédité en 2005 (volume 1 / volume 2) avec de nouvelles couvertures remises au goût du jour (c.-à-d. passées à la moulinette du moe); voir quelques illustrations sur son site ici ou là.
Publication originale : 23 septembre 2009 (01:00)
Premier titre du lot, Sasuke Ninden (サスケ忍伝) est son premier manga pro, publié dans le Jump au cours de l'année 86. L'histoire est épaisse comme du papier carbone : deux clans de ninjas, les uns plutôt bons et les autres beaucoup moins (normal, c'est des punks), s'affrontent afin de mettre la main sur une épée légendaire. Le protagoniste Sasuke est le jeune héros de shônen typique et pourris de talent, le genre à ne jamais s'avouer vaincu et à se relever sans cesse après chaque rossée qu'il se prends et afin d'en redemander une nouvelle. A ses côté, on a droit au grand-père inutile qui nes sert qu'à procurer bonnes blagues et taquineries coquines, tandis que les rôles des joyeux compères inutiles sont tenus par la petite-fille de ce dernier et accessoirement copine du héros qui se bat avec des techniques ninjas à base de ruban de GRS, et le chef des délinquants du coin aux poings d'acier et au grand coeur : bref, c'est tellement cliché qu'on devine aisément qu'un mangaka moderne préférerait probablement se pendre avec le cable d'alim de sa tablette graphique plutôt que de dessiner ça.
Et non, malgré son thème de combats de ninjas en milieu scolaire, Sasuke Ninden n'est pas un ertsaz de Fûma no Kojiro, et l'action est tempérée par pas mal de comédie. Le graphisme est au diapason, et on retrouve le look "petits corps / grosse tête" caractéristique de pas mal de titres des 80s; Dragon Ball a ses débuts, justement. Au final, on a là un titre amusant un quart d'heure mais totalement anecdotique et qui pourrait se résumer à une suite de combats permettant de mettre en valeurs les techniques ninjas des différents personnages. Un seul regret : qu'il s'interrompt au moment où débutait le combat entre Sasuke et le boss de fin. Un seul et unique tankôbon a été édité deux ans plus tard, peut-être à cause de...
... Hengen Sennin Asuka (変幻戦忍アスカ), débuté dans le numéro 23 de Jump pour l'année 88, soit quelques numéros à peine après Bastard! Le point de départ de cette nouvelle série rappelle grandement sa précédente histoire, avec à nouveau des histoires de conflits entre clans ninjas autours d'une épée légendaire. Mais passé le postulat de départ, ça évolue assez vite : ladite épée sert à empêcher un ancien être maléfique, ex-coach de Oda Nobunaga, de se réincarner dans notre monde; et si 12 épisodes de Sengoku Basara nous ont appris quelque chose, c'est à quel point les auteurs nippons aimaient à utiliser l'image de l'idiot d'Owari pour symboliser le mal absolu, plus terrible que Sauron et Vlad Tepes réunis. Bref. Heureusement, la jeune ninja Asuka assure le devoir familial qui est de veiller sur le sanctuaire forestier où est enfermée la terrible épée; ou du moins jusqu'à ce que la classe de Minashiro Narima n'ait l'idée saugrenue de venir organiser un voyage de fin d'année à proximité. Par un concours de circonstance malheureux bien que parfaitement prévisible à l'intérieur des pages d'un manga, l'épée est enlevée, les forces du mal sont libérées, et l'Enfer se déchaine sur le Japon. Asuka devient alors l'incarnation de l'ultime espoir pour rattraper le coup, et pour celà elle a droit à un cadeau fort pratique de son grand frère : un gadget nommée BAP ou Bio Amplify Protecter (et qui rappelle fortement le Bio-Booster Armor du Guyver, design plus glamour mis à part). "Tu as foutu le boxon dans le pays, file réparer tes erreurs ma fille" : on peut toujours compter sur la famille pour vous inculquer de force une leçon de morale dont tout le monde se contrefout.
Comme visiblement beaucoup de lecteurs de l'époque, j'ai bien aimé le personnage d'Asuka : de jeune fille maladroite à sa première apparition, elle devient très compétente une fois équipée du BAP et prends rapidement la tête de l'équipe de héros qui s'organise : les pouvoirs que lui confère son armure (le plus drôle : les antennes qui s'allongent pour poignarder l'adversaire !) la transforment en super-héroine. Les dernières pages du manga dans l'épilogue du second volume, situé deux ans plus tard dans un Japon post-apo, montrent d'ailleurs un personnage qui a bien murie en plus de devenir fortement classe.
L'histoire se résume à nouveau à une suite de combats même si les décors sont un poil plus diversifiés, avec en particulier un passage en dirigeable qui constitue presque une sorte de mini-arc à lui tout seul et dans le cadre duquel Asuka et cie doivent vaincre l'empoisonnante Suikihi. Plus vite dit que fait vu que cette dernière peut compter sur sa maitrise de l'élément aquatique et l'aide de ses quatre sbires pour se battre. On remarque très vite que le niveau de violence est passé à un cran supérieur par rapport à Sasuke Ninden et les combats sont souvent sanglants; couplé avec les designs des méchants qui tire sur le cyber-démoniaque industriel qui n'aurait pas dépareillé dans un Megami Tensei cru Super Famicom ou encore le look très pouf frigide de ladite Suikihi, par moments tout celà rappelle très fortement un clone shônen de Kujaku-ô. Influence fortement possible, le manga de Makoto Ogino étant alors en pleine gloire.
Conclusion : carrément mieux que Sasuke Ninden, un poil plus ambitieux aussi. Seulement deux volumes au compteur, mais le nombre élevé de combats et de protagonistes rends les tribulations d'Asuka assez dense.
Deux mots au sujet de Kuroiwa Yoshihiro : c'est un ancien assistant de Masakatsu Katsura et il reconnait avoir été influencé par le travail de Go Nagai. C'est en 1983 après s'être distingué dans un concours organisé par la Shueisha qu'il a l'opportunité de lancer sa carrière. Ses deux titres, Sasuke Ninden et Hengen Sennin Asuka, ne méritent sûrement pas de figurer dans l'histoire du manga, même parmis les notes en bas de page, mais apparemment ils restent encore aujourd'hui chers au coeur de certains fans nostalgiques du Jump, si j'en juge par le nombre de fanarts de Menô (une ennemie de Sasuke) et surtout de Asuka que l'on peut encore trouver sur le net. Plus rigolo, je connais au moins un fan japonais à avoir donné le nom de Suikihi à son blog. J'avoue, c'est aussi cette mini-popularité de ces personnages qui m'a intrigué et qui m'a conduit à lire ces deux titres.
Dans la série des "Que deviennent-ils", Kuroiwa Yoshihiro a signé récemment un court manga de Macross Frontier dans le Comp Ace et qui n'a duré qu'une paire de numéros. Je ne l'ai pas lu, mais ça m'étonnerais sincèrement d'apprendre que j'ai raté quelque chose de mémorable. Sinon, je tiens à signaler que Hengen Sennin Asukaa été réédité en 2005 (volume 1 / volume 2) avec de nouvelles couvertures remises au goût du jour (c.-à-d. passées à la moulinette du moe); voir quelques illustrations sur son site ici ou là.
Publication originale : 23 septembre 2009 (01:00)
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