[OLD] Kakurenbo - cache-cache sous les néons
"Il ne faut pas jouer à KAKURENBO la nuit, même dans les quartiers de Tokyo. Sinon, l'Oni (démon) nous emportera." ("Vie dans la montagne" de Kunio Yanagida.)
Court-métrage en 3D cell-shadée de 25 minutes réalisé en 2004, "Kakurenbo" est le fruit du travail de Syuhei Morita (réalisateur) et de Daisuke Sajiki (chara-design), et la première oeuvre de leur studio Yamato Works. Né de l'envie de Morita de travailler sur des formats plus longs que les clips sur lesquels il travaillait jusqu'à maintenant, "Kakurenbo" vient des histoires de folklore nippon que ce dernier aime lire. Très vite, il demande à son collègue Daisuke Sajiki de le rejoindre afin de définir le design de leur future production, puis c'est un Shiro Kuro tout aussi fan d'histoires de démons qui intègre l'équipe avec la charge de développer un script. Faisant l'observation que les vieilles histoires fantastiques jouant souvent sur la peur de la nuit et du brouillard perdaient leur pouvoir de frayeur dans une métropole moderne baignant dans les lumières électriques, ils dégagent assez vite l'idée de fusionner ces deux univers distincts, et obtiennent ainsi le look caractéristique de "Kakurenbo" avec une architecture urbaine dotée d'une touche asiatique (pagodes), baignant dans des néons impuissants à faire fuir les démons de la nuit.
Shiro Kuro et Daisuke Sajiki vont travailler quasiment simultanément : tandis que le premier développe son script, Sajiki va devoir crééer des personnages auxquels le spectateur va pouvoir s'identifier immédiatement. C'est ainsi qu'ont retrouve des personnages dans l'ensemble classiques mais sympathiques comme le héros avec une coupe de cheveux en hérisson et habillé en rouge, ou encore la future graine de délinquant et ses deux sous-fifres. Un peu à part on a les deux jumeaux qui ne parlent jamais, ce qui ne les empèche pas de parfaitement se comprendre, et qui semblent déjà donc sortir tout droit d'une histoire fantastique. Comme l'explique Daisuke Sajiki, dans le cadre d'un film standard long de 2 heures, on peux se permettre de consacrer la première demi-heure à exposer les personnalités et les objectifs des personnages, mais c'est chose impossible dans un court-métrage : la familiarisation avec les personnages doit être instantanée.
L'action prends place dans une ville qui ressemblerait à un mélange entre Tokyo et Hong-Kong, dans un quartier désert éclairé par les lumières des néons. La nuit, les enfants se rassemblent dans un vieux quartier en ruine pour jouer à une variante à un jeu, un mélange entre le jeu du Chat et le cache-cache nommé “Otokoyo”. Dès qu'un nombre suffisant de joueurs est assemblé, le jeu commence, et alors dans les ruelles comme dans leurs cachettes, un par un, les enfants disparaissent. On ne les revoit jamais plus...
"Kakurenbo" est une petite perle. Alternant de nombreuses scènes de poursuites et d'autres, plus axées sur le suspense, où les enfants essayent d'éviter leurs poursuivants, il tient en haleine pendant toute sa durée jusqu'à une conclusion inattendue, et qui, rétrospectivement, jette un voile d'horreur sur ce fameux éclairage au néon...
Staff
- Réalisateur et storyboard : Shuhei Morita
- Scénario : Shuhei Morita, Shiro Kuro
- Script : Shiro Kuro
- Musique : Reiji Kitasato
- Design : Daisuke Sajiki
En tout et pour tout le staff était vraiment réduit, 4 à 5 personnes pour l'animation et 2 à 3 pour tout ce qui est dessins, sur une durée de production de 7 à 8 mois. Shuhei Morita et Daisuke Sajiki ont expliqué que les softs utilisés étaient classiques : Litewave 3D (modélisation et animation), Photoshop (textures), After Effect (effets spéciaux). En fait certaines scènes étaient directement imprimées, corrigée au stylo puis rescannées plutôt que de passer par des softs trop compliqués, l'intention des créateurs étant de coller le plus possible au storyboard et non pas de produire une démo technologique inintérressante à suivre.
"Kakurenbo" a été primé dans plusieurs festivals (Meilleur court-métrage 2005 au festival Fantasia, vainqueur au Tokyo Anime Fair 2005).
Syuhei Morita
Né en 1978. Diplomé de l'université d'art et de design de Kyoto en 2001. Il a commencé à travailler alors qu'il était à l'université. Il a fait parti des membres fondateurs de "Kamikaze Douga" en 1999, il a travaillé pour "Studio 4C" et pour "Kamikaze Douga" pendant deux années à partir de 2000. Il a travaillé principalement sur de l'animation en images de synthèse. Il a réalisé et produit "MARS BRAT" en 2002. "Otokodate" un logo visuel pour MTV a reçu la récompense de bronze au PROMAX & BDA 2001. Devenu freelance en 2003, il a alors monté Yamato-Works pour travailler sur son court-métrage "Kakurenbo", qu'il a aussi adapté sous forme de court manga publié dans les pages de "Zero Fall". Plus récemment, on a pu le voir à la supervision de la série d'OAV de Freedom Project, un projet en 3D cell-shadée avec Katsuhiro Otomo au design et au storyboard, puis aux commandes de l'OAV "Coicent" en 2010 parallèlement à la supervision des CG de "Votoms Finder", l'une des dernières incarnations en date de la franchise culte de Ryousuke Takahashi.
(source : site officiel US (via archive.org), Catsuka, ANN)
Daisuke Sajiki
Né en 1976, a grandi à Kyoto. Un des fondateurs de "Kamikaze Douga" en 1999, comme Morita il a travaillé à la fois pour ce studio et pour Studio 4C. En 2003, il a produit et réalisé une adaptation du "Number 5" de Taiyo Matsumoto, et a travaillé sur d'autres productions à différents postes liés au design ou à l'animation 3D (Princess Arete en 2001, Breath of Fire: Dragon Quarter en 2003). Il a fondé Yamato-Works avec Morita en 2003. Tous les deux se sont retrouvés depuis sur l'OAV "Coicent" en 2010 avec Sajiki au chara-design, avant que ce dernier n'embraie avec une autre OAV l'année suivante, "Five Numbers" scénarisé par rien de moins que Dai Sato et réalisé par Hiroaki Ando.
(source : site officiel US (via archive.org), ANN)
Liens
CPM avait édité un DVD aux USA en 2005 mais cette version reste difficilement trouvable aujourd'hui. Heureusement, le DVD original reste disponible chez les commerçant habituels, en Z2 donc.
Commentaires
Enregistrer un commentaire