[OLD] Karin de Kawasou Masumi
J'ai enfin craquer pour l'intégrale de Karin (火輪) de Kawasou Masumi, sur bk1 et après juste quelques années d'hésitation. Non, rien à voir avec la petite vampire de Yuna Kagesaki (qui était plus ou moins pompée sur le shôjo Tokimeki Tonight). Là, on entre plutôt dans de la grande saga fantastico-chinoisante, par une auteur contemporaine mais qui insiste néanmoins pour dessiner dans le style des classiques du shôjos des années 70.
Il y a fort longtemps de ça, dans un pays qui rappelle la Chine classique, l'épée divine du dragon fut dérobée à son légitime propriétaire. Par une succession de manipulations et d'intrigues de palais, un usurpateur est placé sur le trône de l'empereur avec la complicité d'une des anciennes maitresses de celui-ci. Notre héros, un jeune demi-dieu nommé Lan Lian aux origines (et au sexe) indéterminées, est envoyé par le roi-dragon de l'est pour enquêter sur Terre, tandis que les troubles s'étendent peu à peu aux cieux mêmes...
Si ce titre a été souvent comparé à Angel Sanctuary, c'est pour une très bonne raison : son approche ludique de la religion. Prenez un panthéon donné, et amusez vous à détourner tout ce petit monde. Si vous partiez du Christianisme, il y a de fortes chances pour que le résultat ressemble au manga de Kaori Yuki, mais si votre modèle de départ avait plutôt à voir avec le Taoisme en général et L'investiture des dieux en particulier - qui décidément en inspire, des mangakas, entre un Houshin Engi ou un Beast of East -, alors ne vous étonnez pas si vous obtenez quelque chose qui ressemble fortement à Karin. Aestheticism [Archive] (ou Manga Bonbons avant) le raconte d'ailleurs très bien.
L'intrigue devient rapidement abominablement compliquée. Les conflits qui passent du domaine terrestre au divin et vice-versa, les multiples rebondissement obligatoires par volume ou juste par le nombre de protagonistes impliqués suffisent déjà à tutoyer l'épique. Une bonne partie du spectre divin du Taoisme est représenté : outre notre roi-dragon (et sa famille) et les esprits de trois perles (blanche, noire et dorée) qui occupent un rôle central dans le drame, on retrouve aussi certains esprits des points cardinaux (Genbu et Byakko), le roi du ciel (Tentei), la grande mère de l'ouest et Erlang Shen, neveu de l'empereur de Jade. Même les immortels taoistes sont présents, entre autre avec le maitre de Lan Lian. Et tout ce petit monde s'agite, complote à qui mieux mieux, manipule, essaie de nouer des alliances ou de conclure des mariages politiques. Le tout ressemble furieusement à du Juuni Kokki, mais avec des kimonos magnifiques, des bishônens (et biseinen) à chaque page, et surtout un sens du drame inimitablement shôjo, jusqu'à ces couples dysfonctionnels et liés par une relation amour-haine dérangeante qu'on adore voir se déchirer.
Bref, Karin, je dévore ça à pleines pages, mais question compréhension c'est un peu la galère et le dictionnaire n'est jamais bien loin. Non, même pas en fait, petite correction : c'est sans doute le titre le plus ardu que j'ai jamais tenté de lire en VO.
KAWASOU Masumi (河惣益巳) est née le 27 mars 1959 dans la ville de Toyohashi, préfecture de Aichi. Elle fait ses débuts en 1981 dans un hors-série de Hana to Yume avec Touring Express, une histoire d'amour non conventionnelle entre un jeune inspecteur d'interpol et un tueur professionnel de classe internationnale (Patariroen plus sérieux ?). Il s'agit de la plus longue série de l'auteur, et elle ne prendra fin qu'en 1999. Karin débute en 1992 dans les pages de Hana to Yume.
Elle est toujours active à l'heure actuelle, d'ailleurs sa série Kurotsubaki (玄椿) semble toujours en cours dans le magazine Melody(lequel publie aussi The Top Secret de Reiko Shimizu). La série a débutée en 2000 et se poursuit au rythme d'à peu-près un tankôbon par an (le tome 9 est sortis l'année dernière). Kurotsubaki est aussi le premier manga que j'ai acheté de cette auteur, et reste un de mes shôjos favoris. Shûichi, un jeune acteur de kabuki, fait la rencontre de Kochô, la geisha la plus en vue de Kyoto - fille d'un oyama réputé de théatre kabuki et d'une geisha tout aussi fameuse, elle a hérité des talents de ses deux parents et règne sans partage sur le quartier des plaisirs de Gion. Evidemment, il va en tomber amoureux, et ne rencontrant pas d'opposition de la part de la belle, ils couchent ensemble. Décidé à l'épouser, il lui fait sa demande... et apprends par Keiji, l'homme qu'il croyait être le frère de la geisha, que celle-ci veut avant tout avoir une fille qui hérite de ses talents; dans ce but, elle couche avec les hommes les plus talentueux de Gion, dont Shûichi ou le père de ce dernier. Passé le choc de cette révélation, Shûichi décide de ne pas renoncer à Kochô, et une relation pour le moins étrange se met en place...
Mon résumé ne rends sans doute pas justice au manga, ni au personnage de Kochô, absolument fabuleux, à la fois par sa vulnérabilité apparente et par le charisme qui se dégage d'elle quant elle passe en mode professionnel (Maya Kitajima n'a qu'à bien se tenir), ni à l'ambiance incroyable qui s'en dégage (Kyoto, les cerisiers en fleurs, bref vous voyez dans quelle direction on tends, shuchi nikurin full mode nous voilà). Un bon témoin du passage de l'auteur à des thèmes plus asiatiques, qui contrastent avec les débuts de sa carrière et son Tourring Express plus centré sur l'occident. Aussi un bon exemple de pourquoi Kawasou Masumi ne sera JAMAIS publiée chez nous, car outre le graphisme trop rétro (les visages !) qui demande un temps d'adaptation dont les jeunes lecteurs français de manga ne sont pas préparés à faire le sacrifice, le fait que Kurotsubaki soit bourré de termes techniques liés au métier des geisha le rends culturellement trop difficile d'accès pour passionner plus que quelques amateurs de culture japonaise.
Publication originale : 27 juin 2009 (18:55)
Il y a fort longtemps de ça, dans un pays qui rappelle la Chine classique, l'épée divine du dragon fut dérobée à son légitime propriétaire. Par une succession de manipulations et d'intrigues de palais, un usurpateur est placé sur le trône de l'empereur avec la complicité d'une des anciennes maitresses de celui-ci. Notre héros, un jeune demi-dieu nommé Lan Lian aux origines (et au sexe) indéterminées, est envoyé par le roi-dragon de l'est pour enquêter sur Terre, tandis que les troubles s'étendent peu à peu aux cieux mêmes...
Si ce titre a été souvent comparé à Angel Sanctuary, c'est pour une très bonne raison : son approche ludique de la religion. Prenez un panthéon donné, et amusez vous à détourner tout ce petit monde. Si vous partiez du Christianisme, il y a de fortes chances pour que le résultat ressemble au manga de Kaori Yuki, mais si votre modèle de départ avait plutôt à voir avec le Taoisme en général et L'investiture des dieux en particulier - qui décidément en inspire, des mangakas, entre un Houshin Engi ou un Beast of East -, alors ne vous étonnez pas si vous obtenez quelque chose qui ressemble fortement à Karin. Aestheticism [Archive] (ou Manga Bonbons avant) le raconte d'ailleurs très bien.
L'intrigue devient rapidement abominablement compliquée. Les conflits qui passent du domaine terrestre au divin et vice-versa, les multiples rebondissement obligatoires par volume ou juste par le nombre de protagonistes impliqués suffisent déjà à tutoyer l'épique. Une bonne partie du spectre divin du Taoisme est représenté : outre notre roi-dragon (et sa famille) et les esprits de trois perles (blanche, noire et dorée) qui occupent un rôle central dans le drame, on retrouve aussi certains esprits des points cardinaux (Genbu et Byakko), le roi du ciel (Tentei), la grande mère de l'ouest et Erlang Shen, neveu de l'empereur de Jade. Même les immortels taoistes sont présents, entre autre avec le maitre de Lan Lian. Et tout ce petit monde s'agite, complote à qui mieux mieux, manipule, essaie de nouer des alliances ou de conclure des mariages politiques. Le tout ressemble furieusement à du Juuni Kokki, mais avec des kimonos magnifiques, des bishônens (et biseinen) à chaque page, et surtout un sens du drame inimitablement shôjo, jusqu'à ces couples dysfonctionnels et liés par une relation amour-haine dérangeante qu'on adore voir se déchirer.
Bref, Karin, je dévore ça à pleines pages, mais question compréhension c'est un peu la galère et le dictionnaire n'est jamais bien loin. Non, même pas en fait, petite correction : c'est sans doute le titre le plus ardu que j'ai jamais tenté de lire en VO.
KAWASOU Masumi (河惣益巳) est née le 27 mars 1959 dans la ville de Toyohashi, préfecture de Aichi. Elle fait ses débuts en 1981 dans un hors-série de Hana to Yume avec Touring Express, une histoire d'amour non conventionnelle entre un jeune inspecteur d'interpol et un tueur professionnel de classe internationnale (Patariroen plus sérieux ?). Il s'agit de la plus longue série de l'auteur, et elle ne prendra fin qu'en 1999. Karin débute en 1992 dans les pages de Hana to Yume.
Elle est toujours active à l'heure actuelle, d'ailleurs sa série Kurotsubaki (玄椿) semble toujours en cours dans le magazine Melody(lequel publie aussi The Top Secret de Reiko Shimizu). La série a débutée en 2000 et se poursuit au rythme d'à peu-près un tankôbon par an (le tome 9 est sortis l'année dernière). Kurotsubaki est aussi le premier manga que j'ai acheté de cette auteur, et reste un de mes shôjos favoris. Shûichi, un jeune acteur de kabuki, fait la rencontre de Kochô, la geisha la plus en vue de Kyoto - fille d'un oyama réputé de théatre kabuki et d'une geisha tout aussi fameuse, elle a hérité des talents de ses deux parents et règne sans partage sur le quartier des plaisirs de Gion. Evidemment, il va en tomber amoureux, et ne rencontrant pas d'opposition de la part de la belle, ils couchent ensemble. Décidé à l'épouser, il lui fait sa demande... et apprends par Keiji, l'homme qu'il croyait être le frère de la geisha, que celle-ci veut avant tout avoir une fille qui hérite de ses talents; dans ce but, elle couche avec les hommes les plus talentueux de Gion, dont Shûichi ou le père de ce dernier. Passé le choc de cette révélation, Shûichi décide de ne pas renoncer à Kochô, et une relation pour le moins étrange se met en place...
Mon résumé ne rends sans doute pas justice au manga, ni au personnage de Kochô, absolument fabuleux, à la fois par sa vulnérabilité apparente et par le charisme qui se dégage d'elle quant elle passe en mode professionnel (Maya Kitajima n'a qu'à bien se tenir), ni à l'ambiance incroyable qui s'en dégage (Kyoto, les cerisiers en fleurs, bref vous voyez dans quelle direction on tends, shuchi nikurin full mode nous voilà). Un bon témoin du passage de l'auteur à des thèmes plus asiatiques, qui contrastent avec les débuts de sa carrière et son Tourring Express plus centré sur l'occident. Aussi un bon exemple de pourquoi Kawasou Masumi ne sera JAMAIS publiée chez nous, car outre le graphisme trop rétro (les visages !) qui demande un temps d'adaptation dont les jeunes lecteurs français de manga ne sont pas préparés à faire le sacrifice, le fait que Kurotsubaki soit bourré de termes techniques liés au métier des geisha le rends culturellement trop difficile d'accès pour passionner plus que quelques amateurs de culture japonaise.
Publication originale : 27 juin 2009 (18:55)
A lire ton article, j'en ai juste le coeur brisée. Savoir qu'un manga tel que Karin, avec un scénario et un univers aussi fouillés existe me tue. Alors que nombres d'annonces manga cette année me laissent de marbre, j'aimerais lire des oeuvres d'une telle envergure. Savoir qu'en plus Kuro Tsubaki est prépubliée dans le Melody me donne envie: The Top Secret, Onmyôji ou encore Le Pavillon des hommes, des séries que j'aime tant, en sont tirées. Un dessin superbe, et puis en grande fan de Hôshin, je ne peux juste pas rester indifférente à l'univers de Karin. Snif, snif, snif. Et resnif. Savoir aussi qu'elle ne sera sans doute jamais traduite... Bref, depuis que j'ai lu cet article, je n'arrête pas de penser à Karin (et à Kuro Tsubaki, mais dans une moindre mesure).
RépondreSupprimerJ'ai pu lire la moitié du volume 1 (enfin "lire"). Au niveau des idéogrammes, pour le moment, ce n'est pas hyper compliqué, j'ai eu peur au début :). On y rencontre Yang Jian et Yuding son maître ^^ fan service ++ pour la Hôshin fangirl que je suis ;). Constat ceci dit sur les hommes de Kawasou Masumi... Ils sont virils, surtout les soldats. Un des généraux n'a pas tant que ça l'air d'un personnage de shôjo aussi O_o. En tout cas merci encore pour cette belle découverte ^^ . Je ne m'y attendais pas (pas à ce point en fait) mais en effet, elle s'évertue à garder un style purement années 70! Son style de dessin, chose plaisante, n'est clairement pas mimi et se révèle plutôt mature de mon point de vue. J'essaierai de ne pas avoir trop la flemme (et de les acquérir physiquement si possible).
RépondreSupprimerAu fait, as-tu lu Hi Izuru Tokoro No Tenshi de Ryôko Yamagishi?
Ce que j'ai pigé. Lang Li An est le fils adoptif de Bai Ling. C'est un humain qui a été élevé au Mont du Dragon Divin qui s'est fait piquer son épée. Bai Ling lui demande de descendre chez les hommes, car les immortels ou les dieux ne peuvent intervenir dans les affaires de ceux-ci. Je n'ai pas trop compris ce qui se trame en totalité dans le palais, toujours est-il que l'homme ayant pris l'épée tue avec celle-ci son frère et son père afin de devenir roi. L'épée étant touchée par le sang, Bai Ling ne peut le supporter. Elle devient alors ce qu'elle était avant: une perle. Elle est la perle blanche mais il y en a d'autres: celle en noir et celle en or, qui sont aussi sous forme humaine. Li An décide de faire revenir Bai Ling à sa vraie forme, mais il lui faudrait beaucoup d'années. Le problème, c'est qu'il ne peut vivre aussi longtemps, et cherche à devenir immortel en prenant la route de ... je ne sais plus quel mont, permettant de voir Yu Ding le Véritable. Sur la route, il rencontre Yang Jian (le beau gosse sexy mollets...) qui veut bien le prendre en élève. Mais Li An est devenu un homme recherché, et Yu Ding est contraint de le refuser, précisant quand même qu'il a l'ossature permettant de devenir immortel. Yang Jian le prend sous son aile et quitte Yu Ding, l'emmène au royaume de Zhu où il se fait arrêter par un général, qui fait visiblement partie du complot de l'Epée. Après quoi, Yang Jian le sauve et il finit par se rendre sur le mont (qui correspond au pic de l'île Lantau près de Hong Kong) où il trouve la princesse Long Ji. Elle connaît Yang Jian et Li An lui réclame alors un objet de la part de Yang Jian qui se révèle être une épée.
RépondreSupprimerLe tout ne fait absolument pas shôjo, sauf pour les réactions de dingue type fond noir et expression d'étonnement ultime à la Riyoko Ikeda (oui c'était elle la championne du genre quand même). Y'a aussi les vêtements. Mais le graphisme est hyper mature, comme dit avant, les hommes ressemblent à des hommes, il y a du combat, de l'action, de l'armée rien de très glamour quoi. En plus, la fin du volume où Li An grimpe le mont à main nue m'évoque plus un shônen qu'autre chose xD.
Les références à Houshin, c'est explicite ou bien il s'agit juste de parallèles thématiques entre les deux oeuvres ?
RépondreSupprimerEn tout cas merci pour cette foultitude de détails qui a bien contribué à éclairer ma lanterne à propos de l'intrigue ^^ maintenant, je n'ai que plus envie de connaitre la suite !
Ce sont juste des immortels taoïstes =). Mais si je mets "Hôshin", ça repère, on sait de qui je parle ;). En tout cas il y a de tout graphiquement: des beaux, des moins beaux, des virils, des belles, des vieux, des jeunes. Hum. Un jour je crois que je vais me faire une session screenshot avec des noms de perso tellement ils ont l'air nombreux (on est au volume 1... *sigh*)
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