La maison de Rosenstrasse [Moorcock | Von Bek]





Mirenburg, 1900... la plus fameuse maison-close d'Europe, celle de Frau Schmetterling dans Rosenstrasse, la rue des roses. Entre ses murs, la haute société a le loisir de rencontrer ses charmantes courtisanes afin d'explorer toutes les formes de plaisir - mais toujours avec goût et élégance. Impossible d'imaginer qu'une quelconque menace plane sur cet univers clôt prospère, tolérant et hautement civilisé. Impossible d'imaginer que la guerre menace l'Europe. Parmi ses habitués, le débauché comte Rickhardt von Bek et sa dernière conquète, sa jeune maitresse de seize ans viennent y assouvir leur fantasmes; mais bientôt, leur rêverie fin-de-siècle cédera la place à la brutalité cauchemardesque du XXème siècle...

Curieusement, on semble avoir du mal en France à considérer ce livre comme partie intégrante du cycle de la famille Von Bek - jusqu'à dans les maisons d'éditions hexagonales, vue que la seule trace d'une éventuelle édition française que j'ai pu en dénicher était dans une obscure collection de romans érotiques chez J'ai Lu.

Comme de soi pour un ouvrage écrit dans la décennie s'intercalant entre Gloriana (1978) et Mother London (1988) qui vit l'auteur élargir ses horizons fantastiques afin de devenir un auteur "plus sérieux", on pourrait chercher l'explication de cette bouderie dans la teneur du texte, laquelle abandonne le fantastique présent dans Le chien de guerre et la douleur du monde (1981) et La cité des étoiles d'automne (86) au profit d'un ton plus litt-gen, évoquant les symbolistes dans ses premiers chapitres avant de verser dans une réalité plus froide et apocalyptique quand un coup d'état militaire menace de briser le fragile équilibre dans lequel se trouve la cité idéale de Mirenburg - ville imaginaire mais renvoyant à la Magdebourg du Chien de guerre, voir Tanelorn dans le reste de l'oeuvre de Moorcock.

Peu d'auteurs arrivent à évoquer la fin d'un monde de manière aussi convainquante que Moorcock, et c'est justement le sujet de The Brothel in Rosenstrasse : mêler de manière inextricable sensualité et politique pour dépeindre l'agonie d'un XIXème siècle Européen idéalisé et préfigurer ainsi les horreurs du siècle suivant et ses deux guerres mondiale.

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