Kyûketsuki - Vampire Princess



Pour une franchise qui fit sa première apparition à la fin des années 80 avec sa série d'OAV bien connue, j'avoue éprouver de l'admiration pour la longévité de la jeune vampire imaginée par Toshiki Hirano et mit en cases par Narumi Kakinouchi - et ce même si la rançon de cette longévité est la confusion existant désormais entre les différentes versions de Vampire Miyu.

Comme souvent, le site de GHC compile de manière très utile les différentes éditions et spin-offs; outre le manga de 89, repris une dizaine d'années plus tard au moment de la diffusion de la série TV, on peux relever les deux séries de manga de Vampire Yui - l'originale et Kanon Shô celle des années 2000 -, les Shin Vampire Miyu publiés durant la "pause" de la série officielle et d'inspirations très Saint Saiya-esque pour sa succession de duels à fort potentiel dramatique - on leur doit aussi l'arrivée des shinma occidentaux repris plus tard dans la série télé ainsi qu'un rôle moins antagonisant pour la shinma Ranka -, ainsi que les divers spin-offs et histoires originales que sont China Blue, Dahlia ou the Wanderer, les jeux vidéos, les histoires courtes publiées dans des dôjinshis, ou encore les drama CD ou même les romans... on se rends vite compte que compiler une version définitive des aventures de la jeune vampire tient de l'utopie, d'autant plus si on tient compte des divergences volontairement introduites dans celles-ci; l'exemple type est celui de l'époque où Miyu est devenue gardienne, car si la période où Miyu était encore humaine dans les OAV se déroule visiblement à l'époque moderne si on juge aux vêtements de ses parents, déjà la série télévisée reculait son éveil à une période encore antérieure et fort probablement située dans l'ère Taishô.

Vu le caractère assez sombre de cette adaptation TV, on pouvait penser trouver les raisons de ce choix dans le proposer un biais pour insister un peu plus sur le caractère nécessairement inhumain de Miyu - éternelle adolescente, immortelle depuis si longtemps et condamnée à voir ses compagnons humains se succéder les uns après les autres à toute vitesse. Visiblement, l'idée a plût à Kakinouchi qui a décidé de réutiliser pleinement un cadre historique dans sa dernière version en date : 吸血姫, ou Vampire Princess(es) donc si on reprends cette idée géniale des traducteurs US d'adapter le jeu de mot du titre orignal qui jouait sur l'homophonie entre des lectures possibles de 鬼 et de 姫.

L'intrigue est située lors de l'ère Meiji. Déjà en pleine possession de ses pouvoirs de gardienne et chargée de chasser les shinmas, déjà accompagnée d'un serviteur en la personne de Jirô (plus proche du style vieux majordome classieux que du biseinen Larva), on pourrait dire que ce Vampire Princess se consacre principalement à mettre en scène la rencontre entre Yui et Yu/Miyu Kamui (oui, avec les mêmes kanjis que le tsundere masculin des Clamp), et plus si affinité comme a tendance à le suggérer avec un rare manque de subtilité les artworks de la série.


...Moui, on n'aura pas à coeur de s'en plaindre plus que de raison.

Seulement, voilà. Visiblement, Kakinouchi voudrait faire de Yui le personnage-clé autour de laquelle va tourner l'intrigue de la série. Le problème, c'est le caractère fade, bien trop shôjo princess de ladite Yui pour maintenir l'intérêt de l'intrigue, et très vite on se lasse de la toute mignonne jeune fille, de ses deux très beaux chevaliers servants et des menaces pesant sur sa tête... on a trop souvent vu et revu dans le shôjo horrifique ce thème ultra-facile de l'adolescente au seuil de l'age adulte, menacée par une malédiction, et où prédomine une imagerie à base de sang pour lui trouver encore grand intérêt. Surtout qu'à côté, Miyu est irrésistible en riche ojô-sama au caractère bien trempé le jour et régulateur naturel de la population de shinma locaux la nuit (et encore plus avec un shamisen et un sabre en option, ça pête la classe).

C'est immensément dommage.
Le vampire reste trop souvent le phantasme ultime de l'ado tête-à-claques tendance émo qui se rêve sensible et différent d'une masse d'humanité pour laquelle il n'entretient que peu d'intérêt, et tout le sel, l'attrait doux-amer des deux adaptations animées de Vampire Miyu venaient du renversement de ce trope en montrant les ravages de l'immortalité sur l'humanité d'une jeune fille figée à ce moment sensible entre tous qui est le début de l'adolescence; le personnage de la gentille Yui m'a toujours semblé être un retour dans la mauvaise direction, et ça ne m'a jamais hélas frappé avec autant d'évidence que dans ce Vampire Princess.

Reste un bon titre à destination des fanboys du dessin de Kakinouchi et de la moindre apparition de leur idole Miyu, mais le coeur n'y est pas réellement.



Ça reste un plaisir de compulser le travail de cette grande illustratrice - un de ces exemples assez curieux d'artistes dont la popularité chez nous ne fit que régresser à partir de la commercialisation croissante du phénomène manga dans les années 90. Certes, l'écriture d'intrigues aussi originales que prenantes ne fit jamais parti de ses plus grandes qualités, mais quand même...

(léger bémol tout de même pour ce qu'on choisira éventuellement d'intérpréter comme des pas de côté putassiers en direction de certains critères attrape-fan/esthético-markéteux des années 2000 que sont le personnage du majordome, ou le fait qu'il m'arrive d'entrevoir le personnage de Béatrice dans certaines mimiques arrogantes d'une Miyu un poil trop lolifié dans certaines planches... sans rire j'ai l'impression qu'elle est encore plus jeune que dans les précédentes versions manga, ce qui, à moins de supposer l'existence d'une forme de croissance non nulle mais du moins très fortement ralentie chez les ados vampires des mangas de Kakinouchi si on en a l'envie et le loisir, ne devrait avoir AU-CUN SENS ! La question me taraude, j'en perds même le sommeil la nuit. C'est dire)

Commentaires

  1. Donc la saga Kyûketsuhime on peut oublier si on a pas pris le train en route à l'époque, c'est ça ?

    RépondreSupprimer
  2. Ou pas, vu que c'est déjà tellement bordélique et bourré d'incohérences à la base qu'il doit être possible de pouvoir prendre le train en route à peu près à partir d'à peu près n'importe où. Ce n'est pas non plus comme si les références entre les différents constituants de la saga pululluent; exemple, sur le duo de bishônens stalkant Yui dans ce manga, j'avais espérer de prime abord qu'un des deux soient le futur Sei kodo de The Wanderer... j'ai très vite déchanter. Par contre Jiro serait un clin d'oeil à la série TV, mais je l'ai pas vu depuis des années et je n'arrive pas à voir en quoi.

    Le simple fait de proposer une nouvelle version (étendue) de la rencontre MiyuXYui 20 ans après avoir inventer le personnage de l'imouto de Miyu devrait suffire à montrer à quel point la série a été réfléchie en amont et ne tient absolument pas du joyeux puzzle monté à la vas-vite en fonction des humeurs de Kakinouchi. Oh oh oh ^^

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Impressions sur le conte de la princesse Kaguya

Hells Angels, adaptation du manga de Hiromoto Sin-Ichi chez Madhouse

Mamoru Oshii et Urusei Yatsura : pour sortir (un peu) de Beautiful Dreamer