Lupin III - La conspiration du clan Fûma (Cagliostro no shiro part 2)



(Xanatos avait déjà très bien exprimé tout ce qu'il y avait à dire au sujet de ce film il y a quelques années de ça sur Mata; c'est par là...)

Quand on cite le nom de Lupin III, on a tendance pas loin derrière à placer celui de Miyazaki. C'est méconnaitre le rôle de premier plan qu'a pu jouer le mentor de celui-ci, Yasuo Ôtsuka durant les premières adaptations animées de la créature de Monkey Punch. Claquant le premier derrière lui la porte du studio Toei pour A Production, artisant du fameux pilote de 1969 avec Masaaki Ôsumi, il est vite rejoint par Takahata et Miyazaki et le trio officie sur la toute première série télévisée de Lupin à partir de 1971. Il est plutôt tourné vers la formation des jeunes générations d'animateurs à partir des années 80 (placer ici l'inévitable anecdote Sadamoto/Ôtsuka, check). Encore plus tard, c'est lui qui posera les bases du fameux studio Telecom, dont le nom sera si souvent mêlé à celui de Ghibli. Miyazaki aura l'occasion d'y passer, sous un pseudonyme de circonstance, le temps de réaliser ses deux fameux épisodes de Shin Lupin ainsi que le Chateau de Cagliostro, son film-adieu au petit-fils d'Arsène.

En théorie, Fûma (1987) est dirigé par un certain Masayuki Ôzeki, dont on ne peux pas dire que la carrière ait été particulièrement mémorable. Porté disparu sur la production du film presque dès le début de celle-ci et avec un producteur aux abonnés absents, c'est Yasuo Ôtsuka qui récupère la gestion du projet. Cette génèse particulière explique le résultat final : porté par un scénario en forme d'alibi, Fûma est avant tout un travail d'animateurs pour amateurs d'animation typée Telecom/Ghibli, un film d'aventures jubilatoire, une course au trésor sous forme de course-poursuite au rythme effrené entre des personnages qui s'appliquent à faire ce qu'ils savent le mieux faire : Lupin et ses complices d'un côté, Zenigata et les forces d'Interpol de l'autre, les méchants très très méchants du clan Fuma derrière tout ça, et la belle Fujiko en moto et en combi qui compte les points.

Chose rare dans les versions cinématographiques des aventures de Lupin - contrairement à plusieurs épisodes des séries TV faisant la part belle aux compagnons de Lupin - c'est Goemon occupe ici le devant de la scène, de prime abord du moins. Notre stoïque samourai a fini par se faire mettre la bague au doigt par la charmante Murasaki. Hélas, le jour de la cérémonie voit une bande de ninjas masqués envahir la demeure du grand-père de la mariée et kidnapper cette dernière : sa famille se voit placer devant le choix cornélien de voir la jeune fille trépasser, ou bien de livrer aux malfaisants un vase ancien sensé renfermer le secret d'un mystérieux trésor. Il n'en faut pas plus pour que Lupin, invité à la noce, ne se décide à mettre la main sur le trésor et sauver la jeune et jolie épousée (ou peu s'en faut).


Crédit : あい sur pixiv (peut-être plus dans l'esprit Lupinesque, poussez jusqu'à la galerie de にんとん : son illustration pour Cagliostro mériterait de figurer sur le DVD)



  • Référence possible à Naomi de l'épisode 108 de la série Shin Lupin mis à part, le personnage de Murasaki dont s'est entiché Goemon est loin du type de la femme fatale et appartient plutôt à la vision de Miyazaki du personnage de Lupin - demoiselle en détresse dans la lignée de Clarisse de Cagliostro mais au caractère peut-être plus proche d'une Rie dans la série originale. La suite du film revendique son appartenance à la même logique Miyazakienne  : des course-poursuites proposants des vrais moments de bravoure, des pièges et des mécanismes, des cascades; l'accent est placé sur les talents d'acrobate et de sauveur de demoiselles de Lupin plus que sur son aspect plus hard-boiled du manga de voyou n'hésitant pas à jouer du revolver. Preuve supplémentaire qui ne trompe pas sur la nature de cette filiation, le choix de la couleur de la veste, verte, est définitivement connoté Miyazaki.

    Résultat, un film dynamique - on pourrait sans doute arguer avec raison que tout le film n'est qu'une seule et unique course-poursuite incessante, et à ce titre, sans doute la plus longue qu'ait connue la franchise -, porté par une bonne humeur communicative, et par un amour pour les péripéties mouvementées d'un Lupin plus endiablé et plus animé que jamais - et, par là, un amour pour un médium (l'animation) tout entier.

    Commentaires

    1. Clairement un des meilleurs Lupin III, ne serait-ce que grâce à son animation et sa gestion complètement folle des courses-poursuites dans la plus pure tradition du Château de Cagliostro ou de Meitantei Holmes. Le scénario vaut ce qu'il vaut mais l'ensemble est tellement bien fait que ça en devient jouissif ; tu m'as donné envie de le revoir.
      Et que dire de Zenigata dans ce film, heureux comme un gosse de revoir son ennemi juré, la raison profonde de son existence, bien vivant après avoir simulé sa mort.

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    2. Bien vu pour Zenigata; Je me demande combien de fois dans la franchise Lupin aura été laissé pour mort, et celui qui aura été le plus touché par ce décès/le plus prompt à le refuser fut presque à chaque fois notre brave inspecteur d'Interpol - avec une gradation dans l'émotivité au fil des années dont Fuma aura été l'une des étapes les plus évidentes, on est loin ici du Zeni déterrant Lupin-vampire de son cerceuil dans Mamo.

      Juste un regret du côté des persos maintenant que j'y repense, peut-être : Fujiko n'est pas assez perfide. Mais ça colle avec l'héritage Cagliostro.

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    3. Dans Cagliostro, Fujiko "version blonde" ressemble à une figure très positive (même si elle s'enfuit avec les planches à billet), protégeant Clarisse et aidant Lupin sans vraiment de contrepartie ; d'ailleurs, sa voix dans la VF (de mon DVD Manga Mania) va dans ce sens. C'est une des raisons pour lesquelles les inconditionnels de Lupin III n'apprécient pas ce film. Pour ma part, je le vois comme le premier film de Miyazaki - et en ce sens une grande réussite - mais pas comme un véritable long-métrage Lupin III.

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    4. Si on interprète Cagliostro au travers du corpus Miyazakien, Fujiko blonde me parait à rapprocher de ces personnages féminins secondaires un peu plus matures de ses autres films.

      > Pour ma part, je le vois comme le premier film de Miyazaki

      C'est le sentiment que j'ai au visionnage de L'ile au trésor des animaux, perso. L'héroine, les grandes scènes bourrées de détails animés, la course-poursuite final : autant d'éléments qui portent la marque de Miyazaki, je trouve.

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