Denno Coil, un cercle d'enfants
2007 a compté nombre de séries intéressantes, parmi lesquelles on peut compter Denno Coil (電脳コイル), un anime Madhouse qui est avant tout le fruit du travail d'un animateur de talent, Mitsuo ISO (磯光雄). Petite présentation de la série.
Une bande de gamins explore les rues de leur ville hantée par des spectres électroniques : l'idée évoque autant La guerre des boutons que Serial Experiments Lain. Intéressons-nous à l'histoire de cette série et à la manière dont elle a été conçue.
Denno Coil (電脳コイル) a très tôt attiré l'attention en raison du nom de son géniteur. En effet, nous sommes loin d'avoir affaire à un inconnu...
Mitsuo ISO : la genèse d'un projet personnel
Denno Coil (電脳コイル) est en effet avant tout l'oeuvre de Matsuo ISO (磯光雄)[1], créateur du concept de base et réalisateur de la série. Passons en revue rapidement sa carrière.
Né en 1966, cet animateur japonais a intégré l'industrie de l'animation japonaise après avoir terminé ses études au lycée. Il a commencé sa carrière comme simple animateur au milieu des années 80 sur Tobikage (1985) et Machine Robots (ou La Revanche des Gobots, 1986).
Il se fait remarquer en 1989 avec l'animation-clé sur la bataille de méchas au début du premier épisode de Gundam 0080. On peux déjà y observer certaines caractéristiques de ce qui rendra son style si renommé : dans cette scène, les méchas se déplacent de manière "réaliste" et avec une impression lourdeur, c'est à dire comme les énormes machines de plusieurs tonnes qu'elles sont censées être. Tout aussi caractéristique de son style, sa manière de dépeindre le mouvement comme un flot continu, au lieu d'une simple transition entre deux image-clés comme c'est généralement la norme.
Cette scène impressionne les professionnels de l'animation, et les années qui suivent il est invité à animer des scènes de plusieurs productions telles que The Hakkenden OVA 1, Hashire Melos, Jojo's Bizarre Adventure épisode 6, ou encore Giant Robo épisode 5... Il travaille aussi sur le film Junkers Come Here, de Takashi Nakamura pour le compte de qui il avait déjà travaillé sur l'animation de la série de Peter Pan no bouken en 1989. Il travaille aussi sur des productions Ghibli : Omohide Poroporo, Porco Rosso ou le téléfilm Umi ga Kikoeru.
Le milieu des années 90 marque un tournant, car il commence à s'occuper aussi de script et de design comme sur le film de Ghost in the Shell (1995) où il s'occupe le design des armes en plus d'animer le combat final contre le tank-araignée, ou surtout sur Evangelion où il sera entre autres responsable de l'animation sur la célèbre scène de l'Evangelion Berserk de l'épisode 19. Il continue de faire de l'animation les années suivantes (sur Perfect Blue, Blue 6, FLCL, Blood, Golden Boy épisode 4...), et a sa première expérience en tant que réalisateur sur l'épisode 15 "Childhood's End" de Rahxephon (série sur laquelle il était chargé des effets numériques). Episode pour lequel il occupe en outre tous les autres postes critiques : écriture, storyboard, et animation. Le résultat, d'une grande qualité, fit sensation auprès des fans comme de l'industrie.
Voici la traduction d'une interview de l'animateur Japonais datant de cette époque et portant justement sur son travail sur cet épisode assez spécial de Rahxephon :
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La fin de l'enfance : l'épisode 15 de Rahxephon
Comment les gens du studio ont-ils réagis à l'annonce selon laquelle vous étiez placé en charge des effets numériques sur cette série ?
On dirait qu'ils ont pensé que ça signifiait que je me retirais de l'animation parce que ça commençait à devenir trop difficile pour moi. (rires) Alors que de mon point de vue c'était tout le contraire - j'ai accepté ce poste parce que je le voyais comme un nouveau challenge. Il y a cette conception selon laquelle ce qui est numérique prends plus de temps et d'argent à réaliser, mais je pense qu'en fait c'est le contraire. Les gens ont tendance à penser exclusivement à la 3D quant on leur parle de CG [de graphismes générés par ordinateur], mais pourtant je n'ai pratiquement pas utilisé de 3D dans mes effets. Je trouve en fait la 2D bien supérieure.
Par 2D, vous voulez essentiellement dire de l'animation dans le style de l'animation traditionnelle sur cellulo ?
Oui. Comme j'ai travaillé principalement durant ma carrière sur de l'animation traditionnelle, je trouve qu'il est bien plus facile de manipuler les paramètres d'une image en 2D. Pour moi, ce qui rends l'animation vivante c'est la possibilité de concevoir des mouvements interressants et une utilisation efficace de l'image, et ce sont des choses que j'ai trouvé difficiles à manipuler efficacement en 3D.
Quand avez-vous commencer à implémenter des traitements numériques dans votre travail ?
La première fois que j'ai utilisé Aftereffects [1] fut sur Blood: The Last Vampire. M'inspirant de l'approche qu'avait adopté Hisashi Ezura sur ce film, j'ai mis au point un moyen de traiter de manière numérique les effets de lumière. Dans Rahxephon, j'ai encore amélioré cette approche en mettant au point un nouveau moyen de dessiner un effet : Je dessinais les composants de l'effet moi-même, puis je n'avais plus qu'à manipuler ces briques élementaires par copier/coller pour arriver au résultat final. Ce que j'ai retenu de cette expérience, c'est l'importance de l'instinct pour savoir comment faire pour arranger au mieux chaque élément. Cet instinct - qui revient à savoir quelle taille donner à tel élement, ou encore à quel point détailler tel mouvement - est quelque chose que l'on ne peux acquérir qu'en travaillant sur de l'animation 2D.
Qu'est-ce qui vous a pousser à assumer à vous seul tous les rôles critiques sur l'épisode 15 de Rahxephon (écriture de l'épisode, réalisation, storyboard) ?
Qu'est ce qui prends le plus de temps dans l'animation ? C'est d'avoir à mouler votre travail autours des idées d'une autre personne. Dans le travail à la chaine sur laquelle repose la production d'une animation, chaque personne a sa spécialité, et votre travail est de transformer les idées qui se trouvent dans la tête d'une autre personne plus haut dans la chaine en un résultat visuel, ce qui est très difficile. J'ai parlé au réalisateur [de la série] et on m'a donné la permission d'occuper toutes les tâches [pour cet épisode 15]. Ça a facilité mon travail en me permettant de m'occuper de tout de la manière dont je sentais qu'il fallait que je m'en occupe. Ça a rendu le processus bien plus efficace, car je pouvais visualiser chaque étape depuis le script jusqu'à l'animation et la photographie au moment même où j'imaginais chaque scène. En tant que réalisateur, j'ai pu aussi superviser l'ensemble, ce qui veux dire que j'ai pu opérer les corrections rapidement, et dessiner ce qui manquait sur le champs au moment même où je m'en apercevais. Le résultat a été une économie considérable de temps et d'efforts. Cet épisode a été dans les temps par rapport au planning et en-dessous de la moyenne pour ce qui est des coûts (nombre de dessins), et ce bénéfice économique supplémentaire est quelque chose sur lequel j'aimerais attirer l'attention.
Tout ça rappelle un peu Hoshi no Koe
J'ai été très interressé d'apprendre que des films tels que celui-là était produits. Bien que cette méthode ne serait pas forcément la meilleure pour n'importe quel type de visuel ou pour n'importe quel type d'histoire, le numérique offre énormément de potentiel, et donc je suis surpris que plus de personne ne l'ai pas adopté. Je ne voudrais pas en tirer une conclusion hâtive, mais peut-être que cet épisode est arrivé juste au bon moment, quant on commençait à se demander si quelque chose ne manquait pas dans la manière classique de produire l'animation, pour montrer l'exemple.
Quelques remarques finales en ce qui concerne cet épisode 15 ?
Je voudrais remercier les animateurs-clés Kazuto Nakazawa et Takeshi Honda et le co-directeur à l'animation Yoshiyuki Ito pour leur aide considérable sur cet épisode. La performance de Pak Romi en tant que Isshiki fut magnifique. Je leur suis vraiment reconnaissant [2] . S'il y a un quelconque défaut sur cet épisode, alors la faute m'en revient. (rires)
Tout simplement, je n'ai pas pour objectif de devenir réalisateur ou scénariste. Je veux juste faire de l'animation. Si j'ai accepté de remplir ces rôles, c'est parce que j'ai pensé que c'était nécessaire si je voulais produire de l'animation de la manière dont je voulais qu'elle le fut. Je serais heureux que plus de monde voit le potentiel inhérent à cette approche. Enfin, je souhaite que plus de personnes voient la beauté des dessins faits main et traités numériquement, et me rejoignent pour faire ce genre d'animation.
Notes :
[1] Le logiciel After Effects de Adobe est très largement utilisé dans le monde de la vidéo pour créer et éditer des effets spéciaux. Voir le site officiel de Adobe.
[2] Kazuto NAKAZAWA (中澤一登) : chara-designer de El Hazard et Samurai Champloo, il a aussi réalisé, notamment sur son court Comedy ou sur le segment Moondrive de Genius Party. Voir la page qui lui est consacré sur Catsuka.
Takeshi HONDA (本田雄) : chara-designer sur Millenium Actress et sur Denno Coil.
Yoshiyuki ITO (伊藤嘉之) : Il travaille principalement sur les productions Bones, en tant qu'animateur sur Rahxephon, Wolf's Rain, Darker than Black, Stranger Mukoh Hadan, Host Club, ou encore au chara-design sur Fullmetal Alchemist ou le futur Soul Eater.
Pak Romi (ou Romi Paku) est une comédienne de doublage d'origine Coréenne. Elle a notamment doublé Nana Osaki dans Nana et Edward Elric dans Fullmetal Alchemist, mais aussi Haraken dans Denno Coil.
Source :
Bringing RahXephon Alive : The Digital Artistry of Mitsuo Iso, Anipages, 23 juillet 2006, source exacte inconnue (merci à Benjamin Ettinger pour la traduction japonais/anglais)
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Pour lui la qualité de l'animation ne dépends pas de la fluidité ou du nombre d'images par seconde, mais de la manière dont le mouvement est conçu et transposé en dessins - dans l'idéal un animateur-clé devrait travailler seul sur sa séquence, sans le support d'intervalistes pour dessiner les images intermédiaires.
Après Rahxephon Mitsuo ISO participe à l'animation sur le premier film de Kill Bill en 2003, mais à part ça il disparaît alors plus ou moins du paysage pour travailler sur un projet personnel - du moins jusqu'à début 2006...
Historique de la production et présentation du staff
C'est en effet en février 2006 que le nom de Denno Coil fait surface sur le web, et plus précisément sur le site de l'éditeur Tokuma Shoten (株式会社徳間書店) [2]. Une page spéciale présente succinctement le projet de Mitsuo ISO et permet à ce dernier d'annoncer qu'il recherche un staff. Les premières spéculations portent alors sur la nature du projet - série TV ou film ? Mais le fait que ISO annonce alors rechercher des enshutsu (parfois traduit directeur technique, ce sont souvent ceux qui sont chargés de la réalisation d'épisodes) fait pencher la balance du côté de la première hypothèse.
Première illustration du projet Denno Coil
Une update du site en août 2006 amène un nouveau visuel et une courte présentation du scénario : en 202X, la jeune Yasako Okonogi débarque à à Daikoku City avec ses parents. Une ville dont les nombreux temples contrastent avec son statut de ville pionnière dans les nouvelles technologies...
Une seconde illustration qui préfigure le futur épisode 11 de la série
Denno Coil est alors confirmé en tant que série TV, et annonce la publication d'un roman écrit par Yuko Miyamura (aucun rapport avec la seiyuu de Asuka dans Evangelion). Lequel sortira finalement en avril 2007 et sera illustré par Toshiyuki Inoue (voir la page qui est consacrée au roman sur le site officiel).
En janvier 2007 l'équipe du projet fut dévoilée. Mitsuo ISO a réussit à rassembler une équipe prometteuse autours de lui :
Tout d'abord au character-design de la série on retrouve Takeshi HONDA (本田雄) que l'on connait notamment par son travail au même poste sur Millennium Actress, Blue Submarine N°6 (où il a adapté les dessins de Murata) et du court Beyond (dans Animatrix). Il assure la direction de l'animation sur les deux premiers épisodes, en plus de superviser l'animation sur l'ensemble de la série avec en compagnie de Toshiyuki INOUE (井上俊之). Ce dernier était déjà à ce poste sur Blue Submarine N°6 et Paranoia Agent (épisode 9). Comme Honda, il assure également la direction de l'animation sur plusieurs épisodes (11, 14, 16, 17, 21, 26).
Les épisodes sont dirigés par une équipe d'artistes talentueux qui seront aussi responsables des storyboards. Tout d'abord, Kazuya MURATA (村田和也, storyboards épisodes 2 et 13) qui avait travaillé juste avant sur des épisodes de Code Geass et sur Eureka7 (2005) et Planetes (2003). Akitoshi YOKOYAMA (横山彰利, storyboards des épisodes 3, 5, 11, direction de l'épisode 3) est également sur le projet. Il avait oeuvré sur Samurai Champloo (2004), RahXephon (2002), Escaflowne (le film en 2000), ou encore sur l'épisode 5 de Kemonozume et sur le générique d'ouverture de Jyu Oh Sei. Shinsaku SASAKI (笹木信作, storyboards épisodes 4, 7, 9, 18, 20) a travaillé sur bon nombre de productions Ghibli mais aussi sur le récent NHK ni Youkoso. Tadashi HIRAMATSU (平松禎史, storyboard et direction de l'épisode 10), prolifique animateur ayant participé aux projets de Production IG et Gainax (FLCL, Abenobashi, Nadia, Now and Then, Here and There), s'est joint lui-aussi au projet. Pour Madhouse, il avait participé entre autres à Kemonozume et Paranoia Agent. Enfin, Masaru YASUKAWA (安川勝, storyboard épisode 14 et direction des épisodes 1, 2, 4, 15, 26), vu sur Sunabozu et Kazuya NOMURA (野村和也, storyboard épisodes 15, 21-23, 25, directeur des épisodes 13, 17, 25), qui a travaillé sur Kamichu, ROD et Mind Game, complètent l'équipe.
Du côté des directeurs de l'animation, on trouve Yoshimi ITATSU (板津匡覧, épisodes 4, 15, 20, 25) qui avait travaillé sur Beck et Paranoia Agent. On trouve aussi Kiyotaka OSHIYAMA (押山清高, épisodes 5, 13, 22) issu de Erementar Gerad et Rockman EXE. Egalement présent, Ayako HATA (秦綾子, épisodes 6, 12, 18, 23) avait travaillé sur le film Le Royaume des Chats. Ei INOUE (井上鋭, épisode 9) avait aussi oeuvré sur ce film à la direction de l'animation.
La direction artistique est assurée par Hiroshi GOUROKU (合六弘) qui a travaillé sur FLCL et Le Royaume des Chats. Les couleurs sont supervisées par Terumi NAKAUCHI (中内照美) qui a oeuvré sur Noiseman Sound Insect (1997) et l'opus Animatrix Beyond (2003).
La diffusion de la série était annoncée à l'origine pour le printemps 2007, et en effet elle débute en mai. Elle est diffusée sur la chaine NHK Kyoiku. Autrement dit, sur une des chaines les plus importantes du Japon, reçue par chaque foyer, et où la série bénéficie d'un créneau en or : les samedi à 18h30. Hélas, Denno Coil n'aura qu'un succès limité, l'audimat oscillant généralement entre 2 et 3% de part de marché chaque semaine.
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Staff :
Episode | Titre | Script | Storyboard | Enshutsu | Dir. animation |
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1 | Kids with Glasses (メガネの子供たち) [diffusé le 12/05/2007] | Mitsuo ISO | Mitsuo ISO | Masaru YASUKAWA | Takeshi HONDA |
2 | Coil Computer Detective Department (コイル電脳探偵局) [19/05/2007] | Kazuya MURATA | |||
3 | Yuko and Yuko (優子と勇子) [26/05/2007] | Akitoshi YOKOYAMA | Nobutaka ITO | ||
4 | Daikoku City Hackers Club(大黒市黒客クラブ) [02/06/2007] | Shinsaku SASAKI | Masaru YASUKAWA | Yoshimi ITATSU | |
5 | Metabug Scramble Bus Tour(メタバグ争奪バスツアー) [9/06/2007] | Akitoshi YOKOYAMA | Takahiro IKEZOE | Kiyotaka OSHIYAMA | |
6 | Red Automatons (赤いオートマトン) [16/06/2007] | Masahiko OTSUKA、Tadahito MATSUBAYASHI | Nobukage KIMURA | Ayako HATA | |
7 | Move! Coil Detective Agency(出動!!コイル探偵局) [23/06/2007] | Mitsuo ISO, Yuko MIYAMURA (*) | Shinsaku SASAKI | Kazuo NOGAMI | Kazutaka OZAKI |
8 | A Summer Festival and a Duel(夏祭り、そして果たし合い) [30/06/2007] | Mitsuo ISO |
Soichi MASUI
| Taro IWASAKI | Kouichi ARAI |
9 | Michiko-san of the Other World (あっちのミチコさん) [07/07/2007] | Shinsaku SASAKI | Kazuo NOGAMI | Ei INOUE | |
10 | Kanna's Diary (カンナの日記) [14/07/2007] | Tadashi HIRAMATSU | Takashi MUKOUDA | ||
11 | Daikoku City Sinks! (沈没! 大黒市) [21/07/2007] | Akitoshi YOKOYAMA | Kazuo NOGAMI, Tomoya Takahashi | Toshiyuki INOUE | |
12 | Daichi's Hair begins to grow(ダイチ、発毛す) [28/07/2007] | Mitsuo ISO | Nobukage KIMURA | Ayako HATA | |
13 | The Last Plesiosaur (最後の首長竜) [04/08/2007] | Kazuya MURATA | Kazuya NOMURA | Kiyotaka OSHIYAMA | |
14 | A Record of Living Things (いきものの記録) [07/09/2007] | Mitsuo ISO、Masaru YASUKAWA | Tomoya Takahashi | Toshiyuki INOUE | |
15 | The Boy From Beyond the Station (駅向こうの少年) [08/09/2007] | Mitsuo ISO, Araki Yôichi, (松澤洋介) | Kazuya NOMURA | Masaru YASUKAWA | Yoshimi ITATSU |
16 | Isako's Sickroom (イサコの病室) [15/09/2007] | Mitsuo ISO, (松澤洋介, 深野正明) | Takahiro IKEZOE | Hironobu Aoyagi | Toshiyuki INOUE、Shinichi YOSHIKAWA |
17 | The Last Summer Vacation(最後の夏休み) [22/07/2007] | Mitsuo ISO, Araki Yôichi | Michio FUKUDA、Mitsuo ISO | Kazuya NOMURA | Toshiyuki INOUE |
18 | The Door into the Other World (異界への扉) [29/07/2007] | Shinsaku SASAKI | Kazuo NOGAMI | Ayako HATA | |
19 | The Black Visitor (黒い訪問者) [06/10/2007] | Mitsuo ISO, (松澤洋介) | Mitsuo ISO, Koujirou TSURUOKA | Nobukage KIMURA | Akira HONMA |
20 | Kanna and Yasako (カンナとヤサコ) [13/10/2007] | Shinsaku SASAKI | Kazuo NOGAMI | Yoshimi ITATSU | |
21 | The Black Automaton (黒いオートマトン) [20/10/2007] | Mitsuo ISO, Araki Yôichi | Keiichi SASAJIMA、Kazuya NOMURA | Keiichi SASAJIMA | Toshiyuki INOUE |
22 | The Last Coil (最後のコイル) [27/10/2007] | Mitsuo ISO, Mikami Kôjirô | Kazuya NOMURA | Nobukage KIMURA | Kiyotaka OSHIYAMA |
23 | A Granted Wish (かなえられた願い) [10/11/2007] | Hironobu Aoyagi | Ayako HATA, Hiroyuki AOYAMA, Honma Kaichi | ||
24 | Children Who Throw Away Glasses (メガネを捨てる子供たち) [17/11/2007] | Mitsuo ISO, (松澤洋介) | Tomoya Takahashi | Akira HONMA | |
25 | Kanazawa City Interval Intersection (金沢市はざま交差点) [24/11/2007] | Kazuya NOMURA | Yoshimi ITATSU | ||
26 | Yasako and Isako (ヤサコとイサコ) [01/12/2007] | Mitsuo ISO | Masaru YASUKAWA, Nobukage KIMURA | Toshiyuki INOUE |
(certains noms n'ont pu être traduits; ils figurent dans ce tableau entre parenthèses)
Source : Wikipedia, courant janvier 2008.
(*) Yuko MIYAMURA (宮村優子) : auteure de la version roman. Aucun rapport avec la comédienne de doublage du même nom.
Do Androids Dream...
Japon, été 2026. Internet et l'informatique ont continué à s'éintégrer dans notre vie de tous les jours, et désormais le monde entier utilise les 'denno megane' (lunettes-ordinateur) pour accéder au net, téléphoner, ou jouer. Se présentant comme des lunettes normales, elles incorporent un ordinateur miniaturisé qui permet de surimposer toutes sortes d'informations sur le champs visuel de leurs utilisateurs : cyber-animaux de compagnie, outils informatiques, logiciels de défense ou encore les virus, tous y gagnent un semblant de réalité en venant s'incorporer dans le monde réel tel que vu à travers cette paire de lunette. Et comme toujours, les enfants sont les premiers à se servir de cette nouvelle technologie à travers toutes sortes de jeux, plus ou moins légaux...
Le personnage principal de cette série s'appelle Yūko Okonogi. Jeune fille en dernière année d'école primaire, elle ainsi que sa famille emménagent au début de la série dans la ville de Daikoku, haut-lieu de la révolution technologique au Japon. Dès le premier jour, elle rencontre Fumie qui, après avoir sauvé son chien virtuel Daisuke de notre nouvelle arrivante, tombé dans un espace virtuel illégal, va introduire cette dernière dans l'agence de cyber-investigation Coil, dont elle deviendra le huitième membre. Agence tenue... par sa grand-mère, affectueusement surnommée Megabaa, et accessoirement propriétaire de la boutique vendant la plupart de ces équipements illégaux qu'affectionnent les jeunes gens. Son grand-père, décédé il y a cinq ans, est l'un des inventeurs de la technologie qui a aboutie aux denno megane. A l'occasion du décès de ce dernier, Yuko était déjà venue une première fois dans la ville et y avait rencontré un mystérieux jeune homme, en haut d'un escalier encadré par des torii. Elle va mettre à profit ce retour à Daikoku afin de tâcher de retrouver le jeune homme...
Yūko est souvent accompagnée de son chien virtuel Densuke ainsi que de Kyoko, sa jeune soeur.
Une autre jeune fille arrive au même moment : Yūko Amasawa. Elle s'attire l'antipathie de ses nouveaux camarades de classe par son associabilité et son arrogance. Hacker hors-pair, certains disent même qu'elle serait un encoder, un des magiciens du cyber-espace. Elle peut manipuler directement les infrastructures informatiques par des dessins tracés à la craie, et elle semble impliquée dans des activités illégales et relativement dangeureuses.
Pour distinguer une Yūko de l'autre, elles se voient toutes deux affublés de surnoms basés sur la manière dont leur prénom est écrit en japonais. La première, Yūko (優子) Okonogi, devient Yasako (le kanji servant 優 sert à écrire 優しい, 'yasashii' : 'gentil'). La seconde, Yūko (勇子) Amasawa, devient Isako (勇ましい, 'isamashii' signifie 'courageux', 'brave').
Très vite, Yasako va s'adapter à son nouvel environnement et n'aura aucun mal à se faire des nouveaux amis dans sa nouvelle école, dont l'énergétique Fumie Hashimoto. Hacker expérimentée, c'est elle qui va expliquer l'environnement et le fonctionnement des gadgets utilisés par les autres enfants à Yuko (et au spectateur) dans les premiers épisodes de la série. Elle a un serviteur nommé Oyaji (serviteur ! Pas un bête animal de compagnie virtuel à la Densuke, elle insiste beaucoup là-dessus). Elle nourrit une relation particulièrement tendue avec Daichi Sawaguchi, qu'elle connait depuis toute petite.
Daichi Sawaguchi est un gamin insupportable. Avec d'autres gamins de sa classe, il a monté le 'groupe des hackers de Daikoku City' (dont il est le chef), nom pompeux pour ce qui est avant tout une bande de petits plaisantins d'école primaire qui se servent de leurs lunettes Dennô avant tout pour jouer des tours pendables à leurs camarades de classe.
Parmis les autres personnages, citons Ken'ichi Harakawa dit Haraken. Président du club de biologie et cinquième membre de l'agence Coil, il est renfermé sur lui-même et parait tourmenté par la mort de son amie d'enfance, Kanna, dans des circonstances peu claires. Sa tante lui a confié certaines clés permettant de manipuler les installations cybernétiques de Daikoku City comme les Searchmatons.
Ladite tante. Affectueusement surnommée oba-chan par Haraken, Fumie et sa bande sont surpris de découvrir que sous ce sobriquet habituellement réservée au Japon aux femmes d'un certain age, se cache une lycéenne sexy âgée de 17 ans et dotée d'un goût certain pour la combinaison de motarde. La tantine donc, Tamako Harakawa de son vrai nom, travaille aussi en dehors de ses heures d'école en tant que consultante pour le bureau administratif du cyber-espace de Daikoku City. Ses compétences en informatique sont d'un très haut niveau, et c'est elle qui gère les Searchmatons ('Sacchi'), les logiciels en forme de gigantesque bonhommme de gelée rose chargés de détruire les programmes illégaux. Enfin, elle a été mêlée à un accident critique dans le cyber-espace il y a quatre ans de celà, accident dont elle tire son obsession de faire de Daikoku City un endroit sûr pour les jeunes utilisateurs de denno megane...
Très succinctement, on pourrais dire que la série se concentre sur les relations et les problèmes personnels de tout ce petit monde, ainsi que sur l'origine de la technologie derrière les dennô megane et certains phénomènes inexpliqués qui frappent la ville de Daikoku...
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Cast :
Yūko ''Yasako" Okonogi est interpretée par Fumiko Orikasa (折笠 富美子). Parmis ses autres rôles de gentille héroine, elle a aussi jouée Shirley dans Code Geass, Aoba dans Jinki Extend, Victoria dans Hellsing, Hikari dans Haibane Renmei, Ciel dans Shingetsutan Tsukihime.
Yūko "Isako" Amasawa est interpretée par Houko Kuwashima (桑島 法子), qui est abonnée à des rôles féminins plus actifs avec Clare dans Claymore, Sango dans Inuyasha, Kirika dans Noir, Bocca dans Melody of Oblivion, Quon Kisaragi dans Rahxephon mais aussi Arete dans Arete Hime.
La petite Kyoko est interpretée par Akiko Yajima (矢島 晶子), ce qui change considérablement de son rôle en tant que Haydée dans Gankutsuou ou même de Relena Peacecraft dans Gundam Wing (quoique, diront les fans). Plus amusant, elle jouait aussi le rôle de Kohaku le petit frère de Sango dans Inuyasha - une confusion de plus entre les deux Yôko !
Haraken est interpretée par Romi Paku, déja mentionnée plus haut dans l'interview Rahxephon. Rappelons donc qu'elle a gagné ses galons de star en interpretant Nana Osaki (Nana) et Edward Elric (FMA).
Tamako Harakawa ('Obachan' du précédent, pour les intimes) est interpretée par Junko Noda (野田 順子), qui est avant tout célèbre pour avoir interprété Konno Mitsune dans Love Hina.
Megabaa est interpretée par Reiko Suzuki (鈴木 れい子) qui semble populaire dans les second rôles de vieilles femmes (la grand-mère de Kyosuke dans KOR, par exemple).
Daichi est interpretée par Rie Saitou (斎藤 梨絵) joue aussi le rôle de Tokine Yukimura, la jolie héroine de Kekkaishi.
Fumie, grande rivale de Daichi, est interpretée par Sachiko Kojima (小島幸子), qui a joué aussi Alice dans Tweeny Witches ainsi que Mell Raison, un des personnages de la division française de Sakura Taisen.
Densuke est interpretée par Tomohisa Asou (麻生 智久), qui n'en est pas à son premier rôle de cabot (Beck).
Ayako Ikeda (à droite), Fumiko Orikasa (au centre), Houko Kuwashima (à gauche)
...of Electric Sheep ?
Avant de rentrer plus en détail dans la seconde partie de cette série, voici la traduction d'une interview de Mitsuo ISO parue dans le numéro de mars 2007 de Animage. Deux mois donc avant le début de la diffusion de la série.
Cette interview livre certaines des clés et des thèmes de Denno Coil.
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Interview Animage de mars 2007 :
Racontez-nous comment Denno Coil à vu le jour
Au tout début, j'avais completé une ébauche sous forme de textes et d'illustrations, dans le style d'une proposition de projet. C'était il y a six ans. J'ai présenté cette ébauche à différentes compagnies de production, mais sans que ça éveille énormement d'intérèt et le projet a été plus ou moins ignoré. Heureusement, j'ai eu aussi l'opportunité de présenter mes idées à la productrice Sanae Mitsugi de la compagnie Tokuma Shoten [1], qui a décidé de produire le projet aussi tôt que possible. Je pense que j'ai eu beaucoup de chance.
Présentez-nous un peu ces "lunettes" qui ont un rôle si important dans la série, ainsi que la ville de Daikoku City.
Si je devais présenter le background de la série en une seule phrase, ça serait "une époque à laquelle des lunettes permettant de voir les esprits sont en vente libre". Mais ces lunettes sont en fait des "Dennou Megane" [2]. Elles peuvent se connecter à Internet, et superposer des images, des animaux de compagnie virtuels et d'autres choses encore par dessus le monde réel. Cette technologie est d'ailleurs en train d'être developpée en vrai en ce moment même [3] , mais dans cet anime elle a atteint le point où elle est aussi devenue aussi commune que les téléphones portables, et où elle a completement intégré notre vie de tous les jours.
Toutefois les enfants ont une approche décomplexée envers toutes ces choses compliquées, et ici il utilisent ces lunettes afin de voir des esprits qu'ils seraient sinon incapable de percevoir. Si je devais essayer de rentrer plus en détail, je dirais qu'ils les utilisent comme si c'était à la fois des lunettes magiques et des jouets. Comme le monde qui les entoure est à moitié réel et à moitié virtuel, il y a une invasion spatiale de l'un dans l'autre, et par exemple les enfants peuvent par hasard tomber tout d'un coup sur un virus dissimulé au détour d'une rue. Et quand ils rentrent en contact avec le virus, les lunettes cassent, ce genre de choses, mais il n'y a pas de douleur physique. Il n'y a pas non plus de moyen de carresser la fourrure des animaux virtuels. Cette sensation de distance, cette incapacité à toucher ce qui se trouve juste devant les yeux, est l'une des choses que je voulais montrer sur ce projet.
La ville de Daikoku est, au niveau nationale, la seconde cité en terme d'infrastructure numérique pour ces lunettes "Dennou Megane". Mais à côté on y trouve aussi quantité de vieux bâtiments. Le nom de "Daikoku City" est en fait quelque chose que j'avais déterminé avant même d'avoir trouvé un titre pour l'anime. Elle n'existe pas en vrai, et il s'agit en fait du du nom d'un des Sept dieux de la chance [4], et donc ça donne l'impression d'une ville qui nage dans le bonheur.
Afin d'équilibrer les choses, j'en ai fait le nom de la ville tout en étant conscient de la connotation de malchance présente dans ce nom. Je trouvais intéressant ce mélange entre deux principes opposés que l'on retrouve dans la réalité comme dans la culture et la spiritualité japonaises.
Que pouvez-vous nous dire sur les personnages principaux comme Yasako, Isako, etc ?
Yasako est grosso modo une fille normale, mais à l'intérieur elle n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeller simple. Isako elle doit porter un lourd fardeau, mais en contraste elle voudrait vivre une vie plus simple. Ça se reflete dans sa personnalité froide qui vient à agrandir la distance entre elle et les autres personnages, ce qui aboutit à son opposition à Yasako, qui voudrait devenir son amie. Toutes les deux ont une facette normale que tout le monde peut voir, et une autre facette qui n'est visible que momentanément.
Parmis les autres personnages, Fumie et Daichi peuvent sembler plutôt simples et amusants, mais j'ai pensé que ça serait aussi une bonne chose s'ils pouvaient aussi montrer d'autres caractéristiques.
Cette série bénéficie d'un staff et d'un cast plutôt prestigieux, non ?
Les comédiens de doublage font parti des meilleurs, et devraient pouvoir donner de la substance aux personnages. En ce qui concerne l'animation, nous avons réussi à rassembler une équipe incroyable et je suis à la fois surexcité et enchanté par leur intérèt pour le projet. Et en particulier par le support du chef de l'animation Toshiyuki Inoue [5] qui nous livre une grande quantité de travail.
Etant donné que vous devez porter plusieurs casquettes en même temps, est-ce qu'il y a quelque chose en particulier dans votre travail qui vous donne plus de difficulté ?
Il y a perpétuellement une grande quantité de tâches dont il faut s'acquitter à chaque fois sérieusement, donc mon travail est malaisé. En particulier, j'en suis venu à comprendre que l'histoire et la mise en image ne peuvent pas forcément provenir du même cerveau, et la transition de l'un à l'autre prends donc un peu de temps à se faire.
Finalement, quel est le thème que vous souhaiteriez communiquer via cet anime ?
Qu'importe la situation, il y aura toujours une distance entre les gens, et même avec des choses qui semblent pourtant à portée de main. Et qu'il faut parcourir un chemin long, étroit et sinueux avant d'atteindre le coeur de quelqu'un. Il y a une tonne d'obstacles. En fait c'est comme ces vieilles ruelles dans les villes anciennes. Mais je veux aussi montrer qu'il n'y a pas de route qui ne soit pas connectée à quelque chose et qu'on finit toujours par arriver quelque part. Toutefois, c'est quelque chose qui n'est arrivé qu'à la fin du projet, donc je n'y ai jamais vraiment songé comme un thème. Je serais vraiment heureux que cet anime soit avant tout apprécié en tant que divertissement, amusant et léger.
Notes :
[1] Sanae MITSUGI (三ツ木早苗) : Productrice de Denno Coil pour le compte de Tokuma Shoten. Elle aurait rencontré Mitsuo ISO pour la première fois lors de la production du téléfilm Umi ga kikoeru produit par le studio Ghibli en 1993 et où elle remplissait le même office.
[2] Denno (電脳) est une abbréviation du terme officiel japonais servant à désigner un ordinateur (電子計算機). Megane (眼鏡) signifie paire de lunettes. Comme dépeint dans la série, les Denno Megane sont des ordinateurs en forme de lunette.
[3] Il s'agit du concept de Réalité augmentée. Voir cette page pour plus d'informations.
[4] Au Japon Daikoku (大黒) est l'un des Sept dieux de la chance. Il symbolise l'agriculture et les récoltes, et la vertu qui lui est associé est la bonne fortune. Voir ce site pour plus d'informations.
Ici, ISO semble gloser sur la présence du kanji 黒 dans le nom Daikoku, kanji qui se rapporte à la couleur noire (黒 = Kuro, noir) et qui semble avoir une connotation négative, donc opposée à celle, positive, qu'offre le dieu de la bonne fortune.
A remarquer qu'on retrouve ce kanji "malchanceux" dans l'expression japonaise désignant un brouillard particulièrement épais (黒い霧), tel qu'on en voit dans la série quant les personnages entre dans un espace obsolète. De la même manière, les virus "Illegal" sont noirs.
Dès l'origine, c'est à dire dès qu'elle fut nommée, la ville de Daikoku, pourtant construite dans un but à priori positif (l'avancée technologique), était donc predestinée à cacher cet envers sombre et source de malheurs pour une partie de ses habitants...
[5] Toshiyuki INOUE (井上俊之) : voir plus haut dans l'article, rappelons qu'il est directeur de l'animation principal de la série aux côtés du chara-designer Takeshi HONDA.
Sources :
Animesuki, 25 février 2007, traduction de l'interview de Mitsuo ISO dans le numéro de mars 2007 de Animage (merci à Wao pour la traduction japonais/anglais)
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A un niveau évident, Denno Coil parle très simplement de la relation entre les enfants et notre univers technologique, et comment les enfants sont souvent les premiers à s'accaparer une nouvelle technologie à des fins ludiques, et ce malgré l'opposition d'adultes qui ont eux une démarche plus prudente, mais qui les empèche aussi d'intégrer pleinement cette technologie dans leur vie de touts les jours. Mais la série montre aussi comment malgré cette technologie, les enfants restent avant tout des enfants, avec tout ce que ça suppose : jeux, taquineries, bagarres... On reste dans La guerre des boutons, version XIXème siècle.
Eventuellement, la plupart des personnages de Denno Coil arriveront à un stade où ils devront faire, pour la première fois de leur jeune vie, leur deuil d'une partie de leur passé et accepter d'aller de l'avant. Ça sera leur premier pas vers l'age adulte - dans la série c'est particulièrement évident pour les deux Yûko et Haraken. De ce point de vue-là, Dennô Coil reste une série classique pour enfants, sur le fait de grandir, d'accepter le changement, la mort. La vie doit continuer.
La seconde interview de Mitsuo ISO montre comment la série télévisée mêle science-fiction et fantastique.
Nos jeunes héros sont immergés en permanence dans un monde mi-virtuel, mi-réel (à voir d'ailleurs, les réactions de manque sans lunettes dans l'épisode 6, plus vraies que nature !). Les dennô megane sont commercialisées par la société Megamass, mais la technologie avait été mise au point par une société aujourd'hui disparue, et nommée Coil (et oui, comme l'agence de Megabaa). L'origine de cette technologie reste obscure.
Les équipements informatiques vieillissent eux aussi, avant d'être remplacés par des nouveaux équipements aux numéros de version supérieures. Dans la ville de Daikoku, c'est la cité entière qui existe dans le monde virtuel, et ce sont donc des pans entiers de la ville qui sont parfois d'un numéro de version inférieure à la version actuelle. Ce sont les espaces obsolètes, envahis par un brouillard qui a beau être virtuel n'en reste moins effrayant; espaces qui peuvent de plus se révéler dangereux pour les utilisateurs de lunette : virus et programmes illégaux à l'aspect spectral y prolifèrent, voire pire, des accès vers l'autre côté, une zone mystérieuse du cyber-espace sur laquelle courent de nombreuses rumeurs...
Pour se défendre contre ces programmes illégaux, les enfants peuvent compter sur les gadgets créés par Megabaa, dont les plus courants ont la forme d'o-fudas, ces fameux talismans en papier vendus dans les temples Japonais et qu'on trouve à foison dans le folklore et la pop-culture japonaise afin d'exorciser les mauvais esprits. On voit donc bien comment l'utilisation de dennô megane high-tech va de pair avec la découverte d'un monde inquiétant, aux codes en partie empruntés au fantastique nippon : paysage baigné de brume, créatures fantômatiques venus d'un 'autre monde', enlèvement d'enfants. Haraken, dans sa quète d'une explication derrière l'accident mortel de sa jeune amie, rencontrera d'ailleurs un écho numérique de cette dernière. On se rapproche de cette croyance de la culture Japonaise selon laquelle chaque chose est doté d'un esprit : dans notre société numérique où bientôt chaque objet sera doté d'une mémoire informatique des goûts et des préférences de son utilisateur, c'est un peu notre âme qui sera elle aussi numérisée...
Mitsuo ISO revient aussi sur un thème que l'on voit apparaitre avec force vers la fin de la série, et qui est celle du lien entre les gens.
Ce thème de la distance séparant deux individus intervient de manière frappante dans l'épisode 23. Isako explique les raisons qu'elle a d'agir à Yasako; selon la jeune fille, chacun vit dans un monde propre, séparé de ceux des autres. Un long chemin permet de relier un monde à un autre, une personne à une autre, mais il est étroit et fugace. Afin de retrouver la personne qui lui tient à coeur, Isako doit suivre ce chemin sans jamais s'en écarter : elle craint qu'il ne disparaisse si elle se permet de faire une pause, même pendant un court instant.
Derrière elle, une succession de peintures défile et illustre l'état d'âme de la jeune fille : une route (ou une rivière) serpente au sein d'un paysage luxuriant et lumineux qui, peu à peu, cède la place à un désert glacé et nocturne : Afin de réussir sa quète, Isako s'est coupée d'elle-même des autres et du reste du monde et s'est retrouvé dans ce paysage désertique et solitaire. Et on ne peux qu'être triste pour elle quant on voit, sur la peinture, cette route s'estomper avant de finalement disparaitre : sa quète était d'avance vouée à l'échec...
Ce même thème de la distance est illustré de différentes manières tout le mong de la série TV : par le fait que Yasako est incapable de caresser la fourrure de son animal de compagnie Densuke; par les trajets labyrinthiques à travers la vlle de Daikoku qui servent à débloquer les secrets de la société Coil; par la poignée de main salvatrice entre Isako et Yasako dans le dernier épisode; ou encore, toujours dans ce dernier épisode, par la dernière scène : Isako et Kyoko marche le long d'une longue route. Sauf qu'ici elle ne symbolise plus la distance séparant les deux Yûko l'une de l'autre, mais l'horizon des possibilités infinies qui leurs sont offertes par la vie.
Conclusion
Sans parler de succès monstre à la Haruhi, Denno Coil aura rencontré un succès indéniable auprès d'un public qui, de toute façon, était déjà acquis à son réalisateur.
ISO Mitsuo montre ici pleinement un talent certain pour raconter une histoire et en rendre vivant les protagonistes. Plus largement, la série démontre une fois de plus l'importance d'être passé par la case animateur dans la carrière des grands noms de l'animation japonaise - alors justement alors que l'inquiétude monte autours du statut de certains professionnels de l'anime au Japon : le vivier de talents qui font l'animation au pays du Soleil Levant se retrouvent aujourd'hui dans une position particulièrement fragilisée - et le futur de toute l'industrie avec eux...
Signe qui ne trompe pas quant à la qualité de Denno Coil, la série a commencé à recevoir des prix. Ainsi au dernier Japan Media Art Festival, elle a reçue un prix d'Excellence catégorie Animation... aux côtés de rien de moins que Gurren Lagann, la série choc de Gainax en 2007 et l'oeuvre d'un autre animateur de talent, Hiroyuki Imaishi.
Liens :
Site officiel (Tokuma) | Page sur le site de la NHK
ANN | Animint
Wikipedia (US | JP)
Anipages | ISO Mitsuo
Prix d'excellence au 11ème JMAF
Site officiel (Tokuma) | Page sur le site de la NHK
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Anipages | ISO Mitsuo
Prix d'excellence au 11ème JMAF
Les images sont © Mitsuo ISO / Tokuma / Madhouse
Merci à Benjamin Ettinger (Anipages), Wao (Animesuki) et AnimeWatcher pour leur travail.
Crédit photo Mitsuo ISO : Japan Media Arts Festival
Aide à la traduction des noms originaux : AnimeWatcher et Heiji-sama
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Prix reçus par Denno Coil :
- Prix d'Excellence au 11ème Japan Media Arts Festival (2007)
- Prix Seiun 2008, catégorie Media, au 46ème Nihon SF Taikai (convention japonaise de SF)
- Mention honorable catégorie Télévision, au Tokyo Anime Fair 2008
- Prix individuel remis à Mitsuo Iso lors du 13ème Animation Awards de Kobe
- Prix de l'association des écrivains japonais de SF (29ème Nihon SF Taishō Awards)
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Filmographie de Mitsuo ISO
Animation TV :
Tobikage (1985) - animation-clé
Machine Robot (1986) - animation-clé
Kikō Senki Dragonar (1987) - animation-clé
Gegege no Kitaro (1987) - animation-clé
Mashin Eiyūden Wataru (1987) - animation-clé
Transformers - Chōjin Masutāfōsu (1988) - animation-clé
Peter Pan no bôken (1989) - animation-clé
Umi ga Kikoeru (1993) - animation-clé
Neon Genesis Evangelion (1995) - script, animation-clé
Rurōni Kenshin (1996) - animation-clé (OP)
Rahxephon (2002) - effets numériques (ensemble de la série); script, storyboard, réalisation épisode, animation, animation-clé
Denno Coil (2007) - histoire originale, script, réalisation (ensemble de la série); storyboard, animation-clé, effets numériques.
OAV :
Mobile Suit Gundam 0080 (1989) - animation clé
Explorer Woman Ray (1989) - animation clé
Gosenzo Sama Ban Ban Zai ! (1989) - animation clé
The Hakkenden (1990) - animation clé
Comme les nuages, comme le vent (1990) - animation clé
Doomed Megalopolis (1991) - animation clé
JoJo's Bizarre Adventure (1993) - animation clé
Chō Jikū Seiki Orguss (1993) - animation clé
Final Fantasy (1993) - animation clé, directeur de l'animation (effets)
Giant Robo (1994) - animation clé
Oira Uchuu no Tankoufu (1994) - animation clé
Golden Boy (1995) - animation clé
Voogie's Angel (1997) - animation clé
Blue Submarine No. 6 (1998) - animation clé
FLCL (2000) - animation clé
Cinéma :
Mobile Suit Gundam - Char's Counterattack (1988) - animation clé
Omohide Poro Poro (1991) - animation clé
Roujin Z (1991) - mecha-design
Porco Rosso (1992) - animation clé
Hashire Melos! (1992) - animation clé
Junkers Come Here (1995) - animation clé
Ghost in the Shell (1995) - design des armes, animation clé
Memories (1995) - animation clé
Neon Genesis Evangelion : Air (1997)- animation clé
Perfect Blue (1998)- animation clé
Digimon Adventure (1999)- animation clé
Blood The Last Vampire (2000)- animation clé, effets visuels
Cowboy Bebop: Knockin' on Heaven's Door (2001) - effets numériques
RahXephon Pluralitas Concentio (2003) - effets numériques
Kill Bill (2003) - animation clé
Jeux :
PoPoLoCrois Story (1996) - animation clé
Pour les OAV ou les séries TV, et sauf si le contraire est indiqué, la participation de Mitsuo ISO se limitait à quelques scènes de quelques épisodes et ne s'étendait pas à l'ensemble de la série.
Sources :
Anipages (en)
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